James Turrell, artiste américain né en 1943, explore la lumière comme matériau sculptural depuis plus de cinquante ans. À Paris et dans le Grand Paris, deux expositions majeures permettent de découvrir son travail jusqu’en juin 2025 : l’exposition At One au Gagosian Le Bourget (jusqu’au 14 juin 2025) réunit Ganzfeld, Wedgework et Glassworks, tandis qu’Almine Rech Paris a présenté Path Taken jusqu’au 21 décembre 2024. Ces installations immersives transforment la perception de l’espace par des champs lumineux continus, des faisceaux architecturaux et des fenêtres chromatiques pilotées, invitant le visiteur à une expérience sensorielle où la lumière devient l’œuvre elle-même.
James Turrell à Paris : où et quand le voir en 30 secondes 🎨
- Gagosian Le Bourget – At One : du 14 octobre 2024 au 14 juin 2025, exposition majeure présentant un Ganzfeld (All Clear), un Wedgework (Either Or), des projections Cross Corner et plusieurs Glassworks
- Almine Rech Paris (Matignon) : Path Taken, du 14 octobre au 21 décembre 2024, avec une nouvelle pièce Glassworks (exposition désormais terminée)
- Types d’installations : Ganzfeld (champ lumineux immersif abolissant la profondeur), Wedgework (faisceaux structurant l’espace), Glassworks (fenêtres lumineuses à chromie pilotée)
- Paris intra-muros : pas d’œuvre permanente institutionnelle recensée ; programmation temporaire via galeries et institutions selon les saisons
- Contexte international : Roden Crater en Arizona, projet d’observatoire à ciel ouvert en développement depuis 1979, et Skyspaces permanents dans le monde entier
Que voir concrètement ? Les pièces majeures expliquées
James Turrell crée des environnements où la lumière n’éclaire pas un objet mais constitue l’œuvre. Chaque série explore une modalité spécifique de perception visuelle et spatiale.
Ganzfeld : immersion totale (ex. All Clear, 2024)
Le Ganzfeld désigne un phénomène perceptif où le champ visuel est saturé d’une lumière uniforme, faisant disparaître tout repère de profondeur. Turrell exploite ce principe en créant des salles baignées d’une couleur homogène qui semble émaner des murs eux-mêmes. Le visiteur pénètre dans un espace où l’œil ne parvient plus à distinguer les distances, les angles, les surfaces : la lumière devient volume, matière palpable bien qu’immatérielle. All Clear, présenté au Gagosian Le Bourget en 2024, propose cette expérience d’abolition des limites, où le regard flotte dans un champ chromatique continu. L’adaptation progressive de la rétine révèle des nuances subtiles, transformant la vision en acte contemplatif.
Wedgework : architecture de faisceaux
Les Wedgeworks utilisent des projections lumineuses en forme de coin ou de faisceau pour structurer l’espace architectural. Turrell découpe le volume d’une pièce par des plans de lumière colorée qui semblent suspendus dans l’air. Ces faisceaux ne sont pas simplement projetés sur un mur : ils créent des seuils visuels, des passages immatériels, des partitions spatiales qui réorganisent la perception du lieu. Either Or, présenté dans l’exposition At One, illustre cette capacité à faire de la lumière un élément architectural à part entière, jouant avec les angles, les diagonales et les transitions chromatiques pour redéfinir les limites de la salle.
Glassworks : « fenêtres » lumineuses pilotées
Les Glassworks sont des installations où des panneaux de verre diffusent une lumière dont la couleur évolue lentement, créant des surfaces qui évoquent des fenêtres ouvertes sur un ailleurs lumineux. La chromie est contrôlée électroniquement, produisant des transitions progressives qui modifient l’ambiance de l’espace et l’état d’attention du spectateur. Ces œuvres fonctionnent comme des écrans contemplatifs, des surfaces de méditation où le temps devient perceptible à travers la modulation des teintes. Les Glassworks présentés au Gagosian Le Bourget et à Almine Rech Paris en 2024 démontrent la maîtrise de Turrell dans l’orchestration de la couleur comme dimension temporelle et spatiale.
Conseils de visite (Paris/Grand Paris)
Visiter une exposition de James Turrell nécessite une disponibilité sensorielle et un temps d’adaptation particuliers.
Accès Le Bourget (Grand Paris), créneaux, billets, photos
Le Gagosian Le Bourget, situé dans le Grand Paris au nord-est de la capitale, est accessible en transports en commun (RER B direction Aéroport Charles de Gaulle, arrêt Le Bourget puis bus ou marche) et en voiture. L’exposition At One se tient jusqu’au 14 juin 2025. Il est recommandé de vérifier les horaires d’ouverture et de réserver un créneau en ligne si nécessaire, notamment en période d’affluence (week-ends, vacances scolaires). Concernant les photographies, les politiques varient selon les lieux : certaines galeries autorisent la prise de vue sans flash, d’autres préfèrent la préserver l’expérience immersive en limitant les téléphones. Se renseigner auprès de l’accueil avant de photographier.
Sensations visuelles : précautions (adaptation à l’obscurité, etc.)
Les installations de Turrell exigent un temps d’adaptation de la vision. Les Ganzfelds en particulier plongent le visiteur dans une obscurité relative avant que la lumière ne se révèle progressivement. Il est conseillé de rester immobile quelques instants à l’entrée de chaque salle pour laisser la rétine s’habituer, éviter les mouvements brusques et accepter la désorientation initiale. Cette adaptation fait partie de l’œuvre : c’est par la durée que les nuances, les gradations et la profondeur lumineuse se déploient. Certaines personnes sensibles aux stimuli visuels intenses ou souffrant de vertiges peuvent ressentir un léger inconfort ; dans ce cas, il est possible de sortir et de revenir après une pause.
Repères & contexte : de Paris à Roden Crater
Si les expositions parisiennes offrent un accès privilégié aux séries majeures de Turrell, son œuvre la plus ambitieuse se situe en Arizona et témoigne d’un engagement de toute une vie.
Le projet Roden Crater (œuvre de toute une vie)
Roden Crater est un cratère volcanique éteint dans le désert de l’Arizona que James Turrell transforme depuis 1979 en observatoire à ciel ouvert. Le projet consiste à aménager l’intérieur du cratère en une série de chambres, tunnels et ouvertures orientés vers le ciel, permettant d’observer la lumière naturelle, les cycles solaires et lunaires, les phénomènes atmosphériques. Turrell sculpte la géologie pour créer des espaces de contemplation où le visiteur expérimente la lumière céleste dans des conditions contrôlées et amplifiées. Le chantier, d’une ampleur considérable, se poursuit depuis plus de quarante ans et demeure en développement. Vingt-sept espaces sont prévus, dont certains déjà construits. L’ouverture au public, annoncée à plusieurs reprises, reste soumise à l’achèvement des infrastructures et à la disponibilité des financements. Roden Crater incarne l’ambition de Turrell : faire de l’art une expérience perceptive totale, inscrite dans le paysage et le cosmos.
Skyspaces & œuvres permanentes (principe, exemples mondiaux)
Les Skyspaces sont des installations permanentes conçues par Turrell dans le monde entier. Il s’agit de chambres ouvertes sur le ciel par une découpe dans le plafond, permettant d’observer le passage de la lumière naturelle du jour à la nuit. La géométrie de l’ouverture, souvent un carré ou un ovale, cadre le ciel comme un tableau vivant. Turrell programme parfois des séquences lumineuses artificielles qui dialoguent avec la lumière naturelle, créant des transitions subtiles entre intérieur et extérieur, artificiel et cosmique. Des Skyspaces sont installés dans des musées, universités, parcs et collections privées à travers le monde, de l’Australie au Japon en passant par l’Europe et les États-Unis. Ces œuvres permanentes prolongent la démarche de Turrell en dehors des galeries, inscrivant la contemplation de la lumière dans des lieux accessibles au quotidien.
FAQ express : tout savoir sur James Turrell à Paris
Où voir une œuvre de James Turrell à Paris aujourd’hui ?
Jusqu’au 14 juin 2025, l’exposition At One au Gagosian Le Bourget (Grand Paris) présente un Ganzfeld (All Clear), un Wedgework (Either Or), des projections Cross Corner et plusieurs Glassworks. Almine Rech Paris a accueilli Path Taken jusqu’au 21 décembre 2024. Paris intra-muros ne dispose pas d’installation permanente institutionnelle ; les galeries et musées proposent des expositions temporaires selon la programmation.
C’est quoi un Ganzfeld ?
Un Ganzfeld est un phénomène perceptif où le champ visuel est saturé d’une lumière uniforme, abolissant les repères de profondeur et de distance. Turrell crée des salles baignées d’une couleur homogène qui semble émaner des murs, transformant la lumière en volume palpable. Le visiteur perd les références spatiales habituelles et expérimente la couleur comme matière immersive.
Y a-t-il une œuvre permanente de Turrell à Paris ?
Non, Paris intra-muros ne possède pas d’installation permanente de James Turrell dans une institution publique. Les œuvres sont visibles via des expositions temporaires organisées par les galeries (Gagosian, Almine Rech) ou des institutions muséales selon la programmation. Les Skyspaces permanents de Turrell se trouvent ailleurs dans le monde, dans des lieux dédiés ou des collections privées.
Qu’est-ce que Roden Crater ?
Roden Crater est un cratère volcanique éteint en Arizona que James Turrell transforme depuis 1979 en observatoire à ciel ouvert. Le projet prévoit vingt-sept espaces intérieurs aménagés pour observer la lumière naturelle, les cycles célestes et les phénomènes atmosphériques. Toujours en développement, ce chantier monumental incarne l’ambition de Turrell de créer une œuvre totale inscrite dans le paysage et le cosmos.
Tableau récapitulatif : James Turrell à Paris en bref
| Élément | Info | Utile pour | Remarque |
|---|---|---|---|
| Expo en cours | Gagosian Le Bourget – At One | Où aller | Jusqu’au 14/06/2025 |
| Pièces | Ganzfeld, Wedgework, Glassworks | À voir | Lumière = médium |
| Paris intra-muros | Programmes ponctuels en galeries | Planifier | Suivre calendrier |
| Contexte | Roden Crater (Arizona) | Culture | Œuvre majeure, en cours |
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James Turrell à Paris offre une occasion rare d’expérimenter la lumière comme matière sculpturale et espace de perception. Les expositions au Gagosian Le Bourget et à Almine Rech Paris en 2024-2025 permettent de découvrir les séries iconiques de l’artiste : Ganzfeld, Wedgework et Glassworks. Ces installations immersives transforment la vision en acte contemplatif, invitant à ralentir, à laisser l’œil s’adapter et à ressentir la couleur comme volume. Au-delà des galeries parisiennes, le projet Roden Crater en Arizona et les Skyspaces disséminés dans le monde témoignent d’une démarche artistique où l’art rejoint la cosmologie, faisant du spectateur un témoin actif de la lumière elle-même.
