Sculpteur, designer et architecte paysagiste, Isamu Noguchi a profondément marqué l’architecture des espaces publics au XXe siècle. Ses créations les plus emblématiques se visitent à Sapporo (Moerenuma Park), Paris (UNESCO Garden of Peace), New York (Sunken Garden) et Costa Mesa (California Scenario). Sa méthode : sculpter l’espace en orchestrant topographies, matériaux et usages pour transformer parcs, jardins et places en œuvres d’art habitables.
Isamu Noguchi (architecture) : l’essentiel en 30 secondes
- Artiste-architecte des espaces publics : Noguchi conçoit parcs, jardins, places et aires de jeux comme des sculptures à l’échelle du territoire
- Quatre projets-repères : Moerenuma Park (Sapporo, 1988-2005), UNESCO Garden of Peace (Paris, 1956-58), Sunken Garden (NYC, 1964), California Scenario (Costa Mesa, 1979-82)
- Fondation des playgrounds modernes : dès 1933 avec Play Mountain, il invente le terrain de jeux-paysage
- Méthode distinctive : marier pierre, eau, verre et végétal pour créer des topographies habitées
Projets majeurs : ce qu’il faut voir et comprendre
Moerenuma Park (Sapporo, 1988-2005) — parc-sculpture
Conçu comme un parc-sculpture à l’échelle du territoire, Moerenuma Park transforme un ancien site d’enfouissement en œuvre d’art totale de 189 hectares. Noguchi élabore le masterplan en 1988 ; la construction démarre en 1989 pour une ouverture publique en 2005.
Ce qui marque la visite : la pyramide de verre Hidamari (lieu de repos et point focal), les monticules sculptés accessibles à pied, les fontaines chorégraphiées et plus de cent modules de jeu qui invitent à grimper, glisser et explorer. Chaque élément dialogue avec le ciel et les montagnes environnantes. L’ensemble incarne l’idée de Noguchi : un parc n’est pas un décor végétal mais une sculpture habitable.
UNESCO Garden of Peace (Paris, 1956-58) — jardin minéral/eau
Au cœur du 7e arrondissement parisien (7, place de Fontenoy), le jardin de l’UNESCO déploie 1 700 m² de contemplation. Noguchi y articule pierres, eau et végétation minimale pour créer un espace de paix en dialogue avec l’architecture moderniste du siège de l’UNESCO.
Expérience : le jardin en creux invite à la pause, avec ses rochers japonais disposés comme une composition abstraite et son bassin miroir qui reflète le ciel. C’est une œuvre pionnière : Noguchi y affirme que le jardin public peut être une sculpture abstraite et méditative, pas seulement un décor horticole.
Sunken Garden (NYC, 1964) — place en creux
Situé à 28 Liberty Street (anciennement Chase Manhattan Plaza), le Sunken Garden est un jardin circulaire encastré dans le sol, coiffant un parking souterrain. Noguchi compose un paysage minéral avec des pierres d’Uji (Japon), du granit noir et de l’eau courante.
Pourquoi c’est marquant : cette place en creux offre une respiration au cœur du quartier financier. En descendant quelques marches, les passants découvrent un micro-paysage zen où la pierre, l’eau et la lumière naturelle créent un refuge contemplatif. Noguchi prouve qu’une architecture de place peut transformer l’espace urbain dense en oasis sensible.
California Scenario (Costa Mesa, 1982) — 7 motifs du paysage californien
Étalé sur 1,6 acre (environ 6 500 m²) à Costa Mesa, California Scenario rassemble sept éléments sculptés symbolisant les paysages de Californie : désert, forêt, eau, montagne. Conçu entre 1979 et 1982, ce jardin public traverse un complexe de bureaux et fonctionne comme une promenade narrative.
À voir : la cascade Spirit of the Lima Bean (hommage aux champs locaux), les Water Source et Desert Land qui incarnent les contrastes climatiques, et l’Energy Fountain pyramidale. Chaque séquence offre une ambiance distincte — ombre/soleil, sec/humide, vertical/horizontal — pour raconter la diversité du territoire californien en quelques pas.
Méthode Noguchi : sculpter l’espace public
Topographie & matériaux (pierre, eau, verre, végétal)
Noguchi ne dessine pas de plans conventionnels : il modèle l’espace en trois dimensions, souvent à partir de maquettes. Ses outils favoris sont la topographie (monticules, creux, rampes), la pierre brute ou polie (granit, basalte, rochers japonais), l’eau (bassins, cascades, miroirs) et le verre (pyramides, pavillons de lumière).
Cette palette matérielle lui permet de créer des micro-climats sensoriels : fraîcheur de l’eau, rugosité du granit, transparence du verre. Chaque projet orchestre ces éléments pour que l’usager ressente l’espace autant qu’il le traverse.
Usage & jeu : du Play Mountain aux playgrounds construits
Dès 1933, Noguchi dessine Play Mountain, un terrain de jeux-paysage intégrant rampes, gradins et jets d’eau. Ce concept non réalisé pose les bases de ses futures aires de jeu : l’enfant n’utilise pas des équipements posés au sol, il grimpe une sculpture-paysage.
Des playgrounds suivront : Piedmont Park à Atlanta (1976) et d’autres installations qui fusionnent jeu et topographie. Pour Noguchi, l’espace public doit être actif, manipulable, vécu — pas seulement regardé.
Tableau récapitulatif : repères en bref
| Projet | Ville (pays) | Dates | Pourquoi c’est marquant |
|---|---|---|---|
| Moerenuma Park | Sapporo (JP) | 1988–2005 | Parc-sculpture à l’échelle du territoire |
| UNESCO Garden of Peace | Paris (FR) | 1956–58 | Jardin de paix, dialogue art-architecture |
| Sunken Garden (28 Liberty) | New York (US) | 1964 | Place en creux : pierre/eau/granit |
| California Scenario | Costa Mesa (US) | 1979–82 | 7 symboles du paysage californien |
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FAQ rapides
Que peut-on voir à Paris de l’architecture de Noguchi ?
Le jardin de l’UNESCO (UNESCO Garden of Peace), réalisé entre 1956 et 1958, se trouve au 7, place de Fontenoy dans le 7e arrondissement. C’est un espace minéral et aquatique accessible lors des journées portes ouvertes ou visites organisées.
Quel est le plus grand projet urbain de Noguchi ?
Moerenuma Park à Sapporo (Japon) : 189 hectares conçus comme un parc-sculpture total, avec masterplan signé en 1988 et ouverture au public en 2005. C’est l’aboutissement de sa vision d’un espace public sculpté à l’échelle du territoire.
A-t-il conçu des aires de jeux ?
Oui. Dès 1933, Play Mountain pose les fondements du playground-paysage (raampes, gradins, eau). Noguchi réalise ensuite plusieurs aires de jeux, dont celle de Piedmont Park à Atlanta en 1976, où l’équipement fusionne avec la topographie.
Pourquoi parle-t-on de « sculpture totale » ?
Noguchi refuse la distinction entre sculpture, architecture et paysage. Pour lui, un parc ou un jardin est une œuvre d’art habitable : chaque monticule, chaque bassin, chaque matériau sculpte l’espace pour créer une expérience sensorielle et physique complète. L’usager ne contemple pas l’œuvre de l’extérieur, il la vit de l’intérieur.
