L’architecture de Bernard Tschumi : repères essentiels
L’architecture bernard tschumi révolutionne l’approche du projet architectural en plaçant l’événement au centre de sa réflexion plutôt que l’espace statique. Né en 1944, cet architecte franco-suisse développe une théorie de la disjonction qui décompose programme, espace et structure pour les recomposer selon de nouvelles logiques. Sa méthode emprunte au cinéma les notions de montage et de séquence, transformant le parcours architectural en narration dynamique. Les diagrammes et la notation deviennent outils conceptuels essentiels, tandis que la couleur rouge fonctionne comme opérateur critique révélant les tensions du projet. Cette bernard tschumi architecture interroge les conventions pour générer de nouvelles expériences spatiales et corporelles.
Concepts & outils : événement, disjonction, montage, notation
Événement : le projet architectural naît de l’activité humaine et des usages plutôt que de la forme pure, générant des espaces adaptés aux pratiques réelles et imprévisibles.
Disjonction : séparation analytique des trois composantes traditionnelles (programme/espace/structure) pour les recombiner selon des logiques neuves, créant des tensions fertiles.
Montage : technique cinématographique appliquée à l’architecture, organisant la séquence spatiale par juxtaposition, collision ou superposition d’éléments hétérogènes.
Notation : système graphique enrichi (plans, coupes, diagrammes, photogrammes) révélant les rapports complexes entre mouvement, temps et espace architectural.
Ces outils transforment la conception : les plans deviennent dynamiques, les circulations génèrent la forme, et la perception remplace la contemplation passive.
Projets majeurs à connaître
| Projet | Programme / Ville | Idée-clé | Repère |
|---|---|---|---|
| Parc de la Villette | Parc urbain / Paris | Folies rouges + bandes programmatiques | 1982-1998 |
| Acropolis Museum | Musée archéologique / Athènes | Parcours sur pilotis, vues cadrées Parthénon | 2001-2009 |
| Le Fresnoy | Centre d’art / Tourcoing | Toiture-parapluie sur bâtiments existants | 1991-1997 |
| Siège Vacheron Constantin | Siège entreprise / Genève | Rubans programmatiques, transparences | 2003-2005 |
| Blue Tower | Tour résidentielle / NYC | Empilement décalé, plis volumétriques | 2003-2007 |
Lire un projet de Tschumi : 5 critères d’analyse rapide
Trame & séquence : identifier la grille organisatrice et les parcours qui structurent l’expérience spatiale, souvent matérialisés par des éléments répétitifs (folies, piliers, ouvertures).
Corps et parcours : analyser comment l’architecture sollicite le mouvement et génère des expériences corporelles spécifiques par les changements de niveau, les cadrages visuels et les rythmes.
Articulation programme/structure : comprendre comment les fonctions s’imbriquent dans la logique constructive, créant parfois des décalages fertiles entre usage et forme.
Repères colorés : repérer l’usage de la couleur comme signalétique conceptuelle, particulièrement le rouge qui révèle les points de tension et d’articulation du projet.
Rapports plein-vide : observer les jeux de transparence, d’ouverture et de fermeture qui organisent les relations dedans/dehors et les perspectives multiples.
Repères chronologiques
1970s – Formation théorique : rédaction des « Manhattan Transcripts » explorant architecture, événement et notation. Développement des concepts fondamentaux et premières installations expérimentales.
1982-1998 – Parc de la Villette : victoire au concours international et réalisation emblématique. Les folies rouges et le système de bandes programmatiques deviennent manifeste architectural.
1990s – Équipements culturels : série de projets majeurs (Le Fresnoy, Zenith de Rouen) appliquant disjonction et montage à grande échelle. Reconnaissance internationale.
2000s-2010s – Maturité internationale : Acropolis Museum confirme la méthode sur programme sensible. Tours et sièges d’entreprise explorent nouvelles typologies urbaines.
2010s-présent – Transmission : enseignement intensif, monographies et expositions. Influence sur nouvelle génération d’architectes théoriciens.
Notions en images : galerie commentée
Folies du Parc de la Villette, Paris, 1982-1998 Cubes rouges de 10,8m décomposés selon combinaisons géométriques. Chaque folie programme des activités spécifiques tout en signalant la trame conceptuelle du parc par la couleur.
Acropolis Museum, Athènes, 2001-2009 Parcours muséographique sur pilotis cadrant vues du Parthénon. La structure révèle l’architecture antique par jeux de transparence et d’alignement, transformant visite en séquence narrative.
Le Fresnoy, Tourcoing, 1991-1997 Toiture métallique unificatrice coiffant bâtiments industriels préservés. Montage architectural créant espaces interstitiels pour création contemporaine, entre mémoire et innovation.
Blue Tower, New York, 2003-2007 Tour résidentielle de 32 étages aux volumes décalés générant terrasses et double-hauteurs. Plis et empilements questionnent la typologie verticale traditionnelle.
Vacheron Constantin, Genève, 2003-2005 Siège manufacturier organisé en rubans programmatiques transparents. Architecture corporate révélant processus de production horlogère par séquences spatiales fluides.
À lire / voir pour approfondir
« Architecture and Disjunction » (1994) : ouvrage fondamental exposant théorie de la disjonction et méthodes de notation. Éditions MIT Press, rééditions régulières disponibles.
« Event-Cities » série (1994-2004) : quatre volumes analysant projets majeurs selon concepts opératoires. Documentation riche plans/photos/diagrammes chez MIT Press.
« Red is not a Color » (2012) : réflexion sur couleur comme outil conceptuel en architecture. Éditions Rizzoli, avec portfolio couleur des réalisations.
Expositions monographiques : Centre Pompidou (2014), MoMA New York (archives permanentes), ETH Zurich (2018). Catalogues de référence pour approche critique.
Site officiel : tschumi.com documente projets récents avec textes théoriques et dessins originaux. Archives photographiques par période accessible.
Conférences filmées : Harvard GSD, Columbia University, AA London proposent interventions vidéo explorant bernard tschumi architecture and disjunction et méthodes contemporaines.
