Junya Ishigami : sa démarche
Junya Ishigami architecte incarne une vision radicale de l’architecture contemporaine fondée sur l’extrême légèreté et la continuité entre paysage et bâti. Né en 1974, ce japanese architect junya ishigami révolutionne l’approche structurelle par l’usage de matériaux ultra-fins (acier de quelques millimètres, verre, dalles minces) créant des espaces d’une poétique saisissante. Sa philosophie refuse la monumentalité traditionnelle pour privilégier la fragilité apparente, la transparence et la liberté des plans ouverts. Chaque projet explore les limites de la résistance des matériaux pour générer des atmosphères contemplatives où l’architecture semble s’effacer devant l’expérience spatiale pure.
À retenir : • Architecture-paysage : fusion des limites dedans/dehors • Structures filigranes : éléments porteurs quasi-invisibles
• Poétique de la fragilité : esthétique de la précarité maîtrisée
Matériaux & structures : comment tenir l’extrême légèreté
L’architect junya ishigami repousse les conventions structurelles en employant des plaques d’acier de 2 à 6 mm d’épaisseur, créant des voiles porteurs d’une finesse extrême. Le verre devient élément structurel autant qu’enveloppe, tandis que les dalles de béton atteignent parfois moins de 50 mm d’épaisseur. Cette approche nécessite une ingénierie de haute précision pour maîtriser les phénomènes de flambement, les charges de vent et les dilatations thermiques. Les ancrages au sol, souvent invisibles, concentrent toute la complexité technique pour préserver l’illusion de légèreté.
Lexique express :
- Dalle mince : plancher de faible épaisseur (< 80 mm) optimisant matière et poids
- Portée : distance libre entre deux appuis structurels
- Flambement : instabilité d’un élément élancé sous compression
- Coque : structure courbe travaillant en membrane, résistante et légère
- Voile : paroi porteuse verticale de faible épaisseur
- Contreventement : système assurant la stabilité face aux forces horizontales
- Précontrainte : technique tendant les armatures pour optimiser résistance
- Charge répartie : forces distribuées uniformément sur une surface
Projets phares à connaître
Projet | Programme | Idée structurelle | Expérience/vocabulaire |
---|---|---|---|
Kanagawa Institute Workshop | Atelier éducatif | Forêt de poteaux ultra-fins (6mm) | Transparence absolue, fluidité spatiale |
Pavillon Serpentine 2019 | Installation temporaire | Toiture ardoise sur structure invisible | Paysage minéral suspendu, gravité définie |
Parc Biotope Art Museum | Musée-paysage | Toiture-colline végétalisée | Topographie habitée, immersion nature |
Maison Restaurant | Espace gastronomique | Voile béton courbe ultra-mince | Coque protectrice, intimité ouverte |
House & Garden | Résidence-jardin | Pavillon verre dans jardin inondable | Fragilité assumée, temporalité des saisons |
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Lire un projet d’Ishigami : 5 critères visuels
Sol/topographie : observer comment l’architecture épouse ou modèle le terrain naturel, créant souvent des continuités entre sol extérieur et plancher intérieur par des pentes douces et des niveaux multiples.
Structure visible : repérer les éléments porteurs (poteaux fins, voiles, coques) et leur dimension réduite qui défie l’intuition constructive, créant un effet de dématérialisation du bâti.
Épaisseur des éléments : analyser la minceur extrême des parois, toitures et cloisons qui génère une esthétique de la fragilité et transforme la perception de l’espace architectural.
Lumière naturelle : comprendre comment les grandes ouvertures et la transparence créent des ambiances changeantes selon les heures et saisons, intégrant le temps à l’architecture.
Relation paysage : saisir la porosité entre intérieur et extérieur, l’absence de frontières nettes et l’intégration visuelle du bâti dans son environnement naturel ou urbain.
Repères chronologiques
2004-2008 – Émergence expérimentale : premiers projets d’installations et pavillons explorant les limites structurelles. Collaboration avec Jun’ya Ishigami + Associates et recherches sur matériaux ultra-légers.
2009-2012 – Reconnaissance internationale : Pavillon KAIT à Tokyo révèle sa signature architecturale. Multiplication des projets culturels et résidentiels explorant la transparence radicale.
2013-2017 – Grands projets paysagers : développement de l’architecture-paysage avec jardins d’art et centres culturels intégrés. Maîtrise des rapports topographie/bâti.
2018-2024 – Recherches récentes : expérimentation sur temporalité et précarité assumée. Projets questionnant permanence architecturale et adaptation climatique. Exploration de l’architecture éphémère et saisonnière.
Où approfondir
Monographies de référence : « Junya Ishigami: Another Scale of Architecture » (Hatje Cantz) présente l’intégralité de sa démarche avec plans et détails techniques.
Expositions institutionnelles : Centre Pompidou, Fondation Cartier et Vitra Design Museum ont consacré des rétrospectives majeures avec catalogues détaillés disponibles.
Atelier et recherche : jun-ya-ishigami.com documente projets récents et recherches théoriques sur architecture-paysage et structures minimales.
Conférences vidéo : Louisiana Museum of Modern Art et Harvard GSD proposent des interventions filmées explorant sa philosophie constructive.
Galerie commentée
Kanagawa Institute Workshop, Tokyo, 2008 Atelier éducatif révolutionnaire où 305 poteaux d’acier de 6 mm créent un paysage intérieur d’une transparence absolue. L’espace devient forêt construite questionnant les notions de dedans/dehors.
Serpentine Pavilion, Londres, 2019 Installation temporaire présentant une toiture d’ardoise apparemment sans support, défiant les lois de la gravité. Prouesse d’ingénierie générant un paysage minéral suspendu.
Botanical Garden Art Museum, Tochigi, 2018 Musée-paysage où la toiture végétalisée prolonge la topographie naturelle. Architecture invisible créant un parcours contemplatif entre art et nature.
House & Garden, Kanagawa, 2011 Pavillon de verre au cœur d’un jardin inondable assumant sa précarité saisonnière. Architecture éphémère questionnant permanence et adaptation aux cycles naturels.
Maison Restaurant, Yamaguchi, 2015 Espace gastronomique abrité par une coque béton de 30 mm d’épaisseur. Prouesse technique créant une intimité protégée dans un geste architectural minimal.