La peinture d’André Derain : repères essentiels
André Derain (1880-1954) figure parmi les fondateurs du mouvement fauve aux côtés de Matisse et Vlaminck. Sa peinture révolutionne l’art français par l’usage de la couleur pure, libérée de sa fonction descriptive, et la simplification radicale des formes. Des paysages méditerranéens de Collioure (1905-1906) aux vues de Londres, Derain développe un langage pictural audacieux où dominent les aplats colorés et les contrastes chromatiques violents. Après la période fauve, sa recherche évolue vers une construction plus structurée, maintenant néanmoins l’intensité coloriste qui caractérise son œuvre.
À retenir : • Couleur libérée et contrastes chromatiques audacieux (complémentaires pur/chaud/froid) • Lumière expressive traduisant sensations plutôt que réalité optique • Séries emblématiques : Collioure, Londres, paysages et figures post-fauves
Style & techniques : couleur fauve, construction, lumière
L’andre derain peinture se caractérise par une palette vive appliquée en aplats contrastés, où dominent les rapports chauds/froids (oranges/bleus, rouges/verts). Le dessin synthétique privilégie la simplification des volumes sur le détail anecdotique. Ses recherches ultérieures, post-1910, développent une approche plus structurée sans renoncer à l’intensité chromatique initiale.
Vocabulaire technique essentiel : • Fauvisme : mouvement privilégiant la couleur expressive sur la représentation naturaliste • Palette : gamme chromatique réduite aux tons purs, sortis du tube • Ton local : couleur réelle de l’objet, abandonnée au profit de l’expression • Complémentaires : couleurs opposées (rouge/vert, bleu/orange) créant vibrations optiques • Structure du plan : organisation géométrique de la composition, recherche post-fauve • Matière picturale : épaisseur et texture de la pâte, souvent généreuse chez Derain • Lumière : rendue par contraste coloré plutôt que par modelé traditionnel • Rythme : dynamique créée par alternances colorées et directionnelles
Séries majeures : Collioure, Londres, paysages & figures
Collioure (période fauve, 1905-1906)
Les peintures andre derain réalisées à Collioure aux côtés de Matisse marquent l’apogée du mouvement fauve. Ports, baies méditerranéennes et toitures se transforment en symphonies colorées où dominent les rouges vermillon, bleus outremer et jaunes chrome appliqués en larges touches. La lumière méditerranéenne devient prétexte à exaltation chromatique pure, abandonnant toute vraisemblance descriptive.
Londres (1906-1907)
La série londonienne révèle un Derain fasciné par les atmosphères brumeuses de la Tamise et les architectures des ponts. Contrairement aux éclats méditerranéens, ces œuvres explorent une gamme plus sourde (ocres, violets, verts olive) tout en maintenant la force expressive fauve. Les variations de lumière urbaine offrent un laboratoire chromatique renouvelé.
Paysages & figures (post-fauves, 1910-1930)
L’évolution stylistique post-1910 révèle une construction plus ferme, influencée par Cézanne et l’art nègre. La gamme chromatique se module, privilégiant les terres, ocres et bruns tout en conservant des accents colorés purs. Portraits et natures mortes témoignent d’une recherche de synthèse entre structure et expression coloriste.
Œuvres repères d’André Derain
Œuvre (exemple) | Année (≈) | Série/Période | Sujet/Mots-clés |
---|---|---|---|
Vue du port à Collioure | 1905 | Fauvisme | Littoral, aplats colorés pure |
Paysage aux toits rouges | 1905-1906 | Fauvisme | Contraste chaud/froid, synthèse |
Pont de Waterloo | 1906 | Londres | Ponts, atmosphères, brumes urbaines |
Nature morte à la cruche | 1912 | Post-fauve | Construction volumes, cézannisme |
Portrait de Matisse | 1905 | Fauvisme | Figure, couleur expressive |
Paysage de Martigues | 1908 | Transition | Méditerranée, évolution stylistique |
Femme en chemise | 1906 | Fauvisme | Figure, simplification formelle |
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Ces œuvres illustrent l’évolution de la recherche picturale derainienne, des audaces fauves initiales aux synthèses constructives de la maturité.
Repères chronologiques : comprendre l’évolution picturale
1905 : Révélation fauve à Collioure avec Matisse, naissance d’un langage chromatique révolutionnaire
1906-1907 : Série londonienne, exploration des atmosphères urbaines et variations lumineuses
1908 : Influence cézannienne croissante, recherche de structure géométrique sous-jacente
1910-1912 : Période « gothique », synthèse entre construction et expressivité coloriste
1920-1930 : Maturité stylistique, équilibre entre tradition française et innovations modernes
Cette chronologie révèle un créateur en constante évolution, capable de renouveler son approche tout en maintenant une identité picturale reconnaissable. L’analyse des photos de ses peintures andre derain permet de suivre cette progression stylistique cohérente.
Comment regarder un Derain : grille rapide d’analyse
Couleur : Observer les rapports de complémentaires et leur intensité expressive, noter l’évolution de la palette selon les périodes
Dessin : Repérer la simplification des formes, la synthèse géométrique sous-jacente et les déformations expressives
Lumière : Analyser comment Derain traduit les effets lumineux par contraste coloré plutôt que par modelé traditionnel
Construction : Examiner l’organisation de l’espace, l’équilibre des masses et l’influence cézannienne croissante
Espace : Noter l’évolution de la perspective, de la planéité fauve vers une profondeur plus structurée
Derain se distingue de Matisse par une approche plus instinctive et moins intellectualisée de la couleur, et de Vlaminck par une recherche constructive plus poussée dans ses œuvres de maturité.
Pour prolonger la découverte (sans se disperser)
Comparaisons éclairantes : Confrontez les paysages de Collioure aux contemporains de Matisse pour saisir les spécificités de chaque tempérament fauve. Les vues de Londres dialoguent avec les Nymphéas de Monet pour révéler deux approches distinctes de l’atmosphère.
Ressources approfondies : • « André Derain, le peintre du trouble moderne » de Michel Kellermann (catalogue raisonné) • Centre Pompidou : dossiers pédagogiques sur le Fauvisme centrepomdou.fr • Musée de l’Orangerie : collections permanentes présentant les principales périodes
Approche pratique : Commencez par observer « Paysage aux toits rouges » pour comprendre la révolution fauve, puis « Pont de Waterloo » pour saisir l’évolution londonienne, enfin une nature morte des années 1910 pour mesurer la synthèse constructive de la maturité.