Hugo Vitrani : biographie rapide et rôle au Palais de Tokyo
Repères biographiques et parcours professionnel
Né en 1987 à Paris, Hugo Vitrani s’impose comme l’une des figures marquantes du commissariat d’exposition contemporain français. Curateur au Palais de Tokyo depuis plusieurs années, il développe une approche singulière du commissariat d’exposition, particulièrement reconnue pour sa capacité à révéler les enjeux esthétiques et sociologiques de l’art urbain contemporain.
Son parcours professionnel se caractérise par une collaboration étroite avec la presse spécialisée et le monde éditorial, contribuant régulièrement à des publications sur l’art contemporain et les scènes artistiques émergentes. Cette double casquette de curateur et de critique lui permet d’appréhender les pratiques artistiques actuelles avec une acuité particulière.
Une pratique ancrée dans l’art urbain et ses prolongements
La signature curatoriale d’Hugo Vitrani se distingue par son attention aux formes d’expression post-graffiti et aux scènes artistiques mondialisées. Plutôt que de cantonner l’art urbain à ses manifestations les plus visibles, il explore les prolongements conceptuels et plastiques de ces pratiques dans l’espace d’exposition.
Cette approche se traduit par une programmation qui interroge les mutations des mégalopoles contemporaines, les récits de territoires urbains en transformation, et les nouvelles générations d’artistes qui réinventent les codes du street art traditionnel.
Lasco Project (2012–…) : laboratoire souterrain d’art urbain
Origine, espaces et logique in situ
Initié par Hugo Vitrani en 2012, le Lasco Project constitue un laboratoire d’expérimentation unique dans le paysage artistique français. Ce projet pionnier investit des espaces souterrains parisiens pour créer des expositions d’art urbain in situ, offrant aux artistes un terrain d’expression authentique loin des contraintes institutionnelles traditionnelles.
Le projet tire son nom des espaces investis et développe une approche curatoriale qui respecte la dimension contextuelle et éphémère de l’art urbain. Les artistes invités sont choisis pour leur capacité à dialoguer avec l’architecture particulière de ces lieux, créant des œuvres pensées spécifiquement pour ces environnements.
Ce que le projet a changé dans la mise en exposition du graffiti
Le Lasco Project révolutionne la présentation de l’art urbain en proposant une alternative à la muséification classique du graffiti. Plutôt que de déplacer les œuvres vers des cimaises neutres, Hugo Vitrani maintient la dimension transgressive et contextuelle de ces pratiques.
Cette approche influence durablement la manière dont les institutions culturelles appréhendent l’art urbain, démontrant qu’il est possible de présenter ces formes d’expression sans les dénaturer. Le succès du projet inspire aujourd’hui de nombreuses initiatives similaires en France et à l’étranger.
Expositions récentes et en cours (2019–2025) : axes et artistes
Sur mobile, pensez à passer votre téléphone à l’horizontal.
Année | Titre | Lieu | Rôle | Artistes/Axe |
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2019 | Prince·sses des Villes | Palais de Tokyo | Curateur | Mégalopoles du Sud global |
2020 | Jusqu’ici tout va bien | Palais de Tokyo | Curateur | Résilience urbaine |
2021 | Maxwell Alexandre (solo) | Palais de Tokyo | Curateur | Monographique Brésil |
2021 | Jay Ramier (solo) | Palais de Tokyo | Curateur | Peinture post-graffiti |
2022 | Foudre Sentimentale | Palais de Tokyo | Curateur | Émotions urbaines |
2023 | La morsure des termites | Palais de Tokyo | Curateur | Délitement urbain |
2023 | Rakajoo (solo) | Palais de Tokyo | Curateur | Monographique |
2024 | Signal – Mohamed Bourouissa | Palais de Tokyo | Curateur | Banlieues et représentations |
2025 | ALPHABETA SIGMA (Side A) | Palais de Tokyo | Co-curateur | RAMMELLZEE |
Prince·sses des Villes (2019) – mégalopoles du Sud global
L’exposition Prince·sses des Villes marque un tournant dans la programmation d’Hugo Vitrani au Palais de Tokyo. Cette exposition collective explore les mutations des grandes métropoles du Sud global à travers le regard d’artistes qui en sont originaires ou qui y développent leur pratique.
Le projet révèle comment les mégalopoles contemporaines génèrent de nouvelles formes d’expression artistique, particulièrement dans les domaines de la peinture murale, de l’installation et de la performance urbaine. Cette exposition établit Hugo Vitrani comme un observateur privilégié des scènes artistiques émergentes internationales.
Jusqu’ici tout va bien (2020) ; Foudre Sentimentale (2022) ; La morsure des termites (2023)
Ces trois expositions collectives dessinent une trilogie informelle sur les mutations urbaines contemporaines. Jusqu’ici tout va bien interroge la résilience des communautés urbaines face aux transformations sociales et économiques.
Foudre Sentimentale explore la dimension émotionnelle de l’expérience urbaine, révélant comment les artistes contemporains traduisent plastiquement les affects liés à la vie en ville. La morsure des termites, largement commentée par la critique spécialisée, développe une métaphore du délitement urbain à travers des œuvres qui questionnent la pérennité des structures sociales et architecturales.
Monographiques : Maxwell Alexandre (2021), Jay Ramier (2021), Rakajoo (2023), Mohamed Bourouissa (Signal, 2024)
La programmation monographique d’Hugo Vitrani révèle sa capacité à identifier et accompagner des artistes en émergence ou en pleine maturation. Maxwell Alexandre, artiste brésilien, bénéficie d’une première exposition personnelle en France qui révèle l’originalité de sa peinture mêlant références pop et critique sociale.
Jay Ramier incarne une nouvelle génération de peintres post-graffiti, développant un langage plastique qui transcende les codes du street art traditionnel. L’exposition Rakajoo confirme l’intérêt du curateur pour les pratiques hybrides mêlant peinture, installation et performance.
L’exposition Signal consacrée à Mohamed Bourouissa en 2024 couronne cette série de monographiques en présentant un artiste désormais reconnu internationalement pour ses interrogations sur les représentations des banlieues françaises.
2025 au Palais de Tokyo : RAMMELLZEE « ALPHABETA SIGMA (Side A) »
Co-curateur : Hugo Vitrani et Cédric Fauq ; dates et concept
L’année 2025 confirme l’ambition curatoriale d’Hugo Vitrani avec la présentation de ALPHABETA SIGMA (Side A), exposition consacrée à l’œuvre de RAMMELLZEE. Co-curateur aux côtés de Cédric Fauq, Hugo Vitrani développe un projet en deux volets, le second étant présenté au CAPC de Bordeaux.
Cette exposition constitue un aboutissement logique de sa réflexion sur l’art urbain, RAMMELLZEE représentant une figure tutélaire du graffiti newyorkais des années 1980-1990. Le projet révèle la dimension conceptuelle et théorique de l’œuvre de cet artiste souvent réduit à sa seule pratique du graffiti.
Positionnement : surfaces sensibles, lettres et masques sous black-light
L’approche curatoriale développée pour ALPHABETA SIGMA (Side A) met l’accent sur les « surfaces sensibles » développées par RAMMELLZEE dans ses installations et performances. L’utilisation de la black-light permet de révéler des dimensions cachées des œuvres, créant une expérience immersive qui respecte l’univers esthétique de l’artiste.
Les lettres-flèches et masques de RAMMELLZEE trouvent dans cette scénographie une présentation qui révèle leur complexité conceptuelle, dépassant la simple dimension décorative pour interroger les systèmes de signification contemporains.
Hors les murs et festivals : Rencontres d’Arles, projets associés
All in the Name of the Name (Arles 2024–2025) – intentions et corpus
La participation d’Hugo Vitrani aux Rencontres d’Arles 2024-2025 avec l’exposition All in the Name of the Name étend son influence curatoriale au domaine de la photographie contemporaine. Ce projet explore les questions d’identité et de nomination dans la création photographique actuelle.
L’exposition révèle la transversalité de l’approche curatoriale d’Hugo Vitrani, capable d’appliquer sa réflexion sur les territoires urbains et les communautés à d’autres mediums artistiques. Cette incursion dans le festival arlésien confirme sa reconnaissance au-delà du seul champ de l’art urbain.
Enseignement, commissions et éditions
Parallèlement à son activité curatoriale principale, Hugo Vitrani développe des activités d’enseignement et participe à diverses commissions d’acquisition et de programmation. Ces activités complémentaires nourrissent sa réflexion curatoriale et lui permettent de transmettre son expertise à de nouvelles générations de professionnels de l’art.
Ses contributions éditoriales régulières dans la presse spécialisée et les catalogues d’exposition font de lui un théoricien reconnu des pratiques artistiques urbaines contemporaines.
Repères chronologiques : une trajectoire curatoriale cohérente
De l’expérimentation souterraine à la reconnaissance institutionnelle
2012 : Création du Lasco Project, laboratoire souterrain d’art urbain qui établit les bases de sa réflexion curatoriale.
2016-2018 : Premières collaborations avec le Palais de Tokyo, développement d’une expertise sur les scènes artistiques émergentes.
2019 : Prince·sses des Villes marque son entrée dans la programmation majeure du Palais de Tokyo avec une exposition sur les mégalopoles du Sud global.
2020-2022 : Consolidation de sa signature curatoriale avec Jusqu’ici tout va bien et Foudre Sentimentale, expositions qui interrogent l’expérience urbaine contemporaine.
2021 : Première série de monographiques avec Maxwell Alexandre et Jay Ramier, révélant sa capacité à accompagner des artistes en émergence.
2023 : La morsure des termites et l’exposition Rakajoo confirment sa maîtrise des formats collectifs et monographiques.
2024 : Signal – Mohamed Bourouissa et début du projet Arles étendent son influence curatoriale au-delà du Palais de Tokyo.
2025 : ALPHABETA SIGMA (Side A) consacrée à RAMMELLZEE représente l’aboutissement de sa réflexion sur l’art urbain et ses prolongements conceptuels.
Cette trajectoire révèle une progression logique depuis l’expérimentation underground du Lasco Project vers une reconnaissance institutionnelle pleine, sans perdre l’exigence critique et l’attention aux pratiques émergentes qui caractérisent son approche curatoriale.